Qu’il s’agisse de jardiner, tricoter, faire du ménage ou cuisiner, ce sont autant d’occasions de méditer. Et je vais plus loin en affirmant que cuisiner c’est méditer !

En effet, si s’asseoir et pratiquer Zazen est une forme de méditation, néanmoins elle est loin d’être la seule. En dehors des postures statiques, on peut concevoir aussi la méditation dans une attitude mobile et active.

Dans les lignes suivantes, découvrez pourquoi pleine présence, conscience et gratitude s’appliquent aussi bien à la méditation qu’à la cuisine.

Cuisiner et méditer : un même effort ?

Lors de stages, l’énergie de groupe me permet de méditer dès l’aube et de rester 45 minutes assise sans faillir.

En revanche, m’asseoir seule chaque matin chez moi me demande un effort que je suis rarement prête à fournir…

S’installer quotidiennement dans sa cuisine pour préparer à manger peut s’avérer tout aussi inconfortable que fatigant. Et puis, cuisiner, comme s’asseoir pour méditer, prend du temps. Or, prendre du temps pour.…. c’est renoncer à …..

Assise méditative

Cuisine et méditation : même combat ?

Oui, cela peut demander le même type d’effort et la détente n’est pas forcément au rendez-vous. Néanmoins, comme toute pratique, c’est la constance et la régularité qui permettent de muscler la persévérance. Celle-ci a pour corollaire de diminuer la sensation d’effort et d’inconfort.

Pour ma part, éplucher des kilos de pommes sera beaucoup moins éprouvant qu’une assise méditative sur un zafu.

Pourtant y a‑t-il vraiment une différence, mis à part le fait d’avoir les mains en activité ? Je ne le crois pas.

Cuisine et méditation : même salut ?

Peut-être le mot est-il un peu fort.

Mais je crois véritablement en leur bénéfice commun : se sentir relié à soi et aux autres. Et ce, grâce à cette capacité de présence et d’attention que l’une et l’autre demandent.

Cusinier en ouvrant tous ses sens

Cuisiner en pleine conscience

    Qu’il s’agisse de suivre une recette ou d’improviser, la première étape consiste à rassembler les aliments qui vont être utilisés. Que ceux-ci soient sortis du cabas à la sortie du marché ou du placard, tous les sens sont immédiatement sollicités.

    On peut en apprécier la forme, la couleur, la luminosité, la consistance, l’odeur. Leur vitalité se lit dans leur peau, leur éclat et leur fermeté.

    Qu’ils soient extra-frais ou aient été oubliés, les fruits ou légumes vont susciter à présent toute notre attention.

    Pour observer nous disposons d’une paire d’yeux mais également de dix doigts aux capteurs extrêmement sensibles et d’un nez. Nous pouvons même solliciter nos oreilles pour optimiser encore l’expérience sensorielle.

    Ce qui me ramène au souvenir d’une conférence de Christophe André. Il nous avait donné à expérimenter le fait de manger un grain de raisin en pleine conscience.

    Un seul grain. Pratique fort différente de celle qui consiste à en engloutir par poignées au moment de l’apéritif…

    Manger en pleine conscience est une attitude qui nous permet d’être plus attentif, plus présent. Plus connecté également à nous-même et à ce qui nous entoure.

    C’est aiguiser nos perceptions. C’est nous nous nourrir grâce à tous nos sens et pas simplement grâce à une certaine quantité de nourriture ingérée.

    Cuisiner, c’est la même chose. C’est nous nourrir les yeux, le nez, les oreilles et les mains bien avant que les aliments n’aient franchi nos lèvres.

    Cuisiner en pleine présence

    Une fois les ingrédients rassemblés, il s’agit de réunir les ustensiles et de se lancer !

    Or, pour cuisiner, il faut de bons outils. Tout devient alors plus agréable et plus facile. Il convient de trouver les accessoires à sa taille, adaptés à sa morphologie.

    C’est comme pour un coussin de méditation, chaque personne a ses préférences ; moi, j’affectionne les coussins demi-lune.

    Pour cuisiner, il y a deux couteaux que j’utilise : un couteau d’office et un couteau japonais à grande lame, tous deux parfaitement aiguisés, pour des découpes faciles et pour la beauté du geste. J’utilise aussi une mandoline avec une lame en céramique particulièrement tranchante. J’ai alors tout intérêt à être très attentive pour éviter d’y laisser un doigt !

    cuisine et pleine présence

    Par conséquent, qu’il s’agisse de m’éviter une blessure ou de brûler un plat, je tâche de ne pas me laisser embarquer dans des rêveries fantasmatiques qui m’emmènent loin de ce à quoi je me suis attelée.

    Par ailleurs, j’essaie de couper « ma radio mental FM », selon l’expression du philosophe Alexandre Jollien dans son livre « La Sagesse espiègle », ed. Gallimard. Je laisse de côté ce qui s’est passé avant et diffère le moment de penser à ce qu’il me reste à faire.

    Je vis l’instant présent.

    cuisisne méditative

    Dans ma cuisine, le silence. Seuls résonnent le bruit du couteau qui hache, de l’eau qui coule et de la soufflerie du four. Je n’écoute ni musique, ni podcast, je n’utilise pas de solutions digitales pour chercher des recettes et mon téléphone reste en mode silencieux. Je suis entièrement à ce que je fais.

    En cela, cuisiner c’est méditer.

    C’est être ouvert et présent, avec sa tête, son corps et son âme.

    Quand je suis assise et que je cuisine, je retrouve cet état dont parle Fabrice Midal dans ses ouvrages sur la méditation.

    cuisine et gratitude

    Cuisine et gratitude

    J’éprouve de la gratitude pour cette nourriture et cette eau facilement accessibles.

    Je suis reconnaissante envers toutes les personnes qui ont travaillé avec beaucoup de patience et de persévérance pour me faire bénéficier de farine, d’huile, de fruits et légumes et tout ce qui va me permettre de mettre de la couleur, du soleil et de l’amour dans l’assiette.

    Ressentir la gratitude, se réjouir de recevoir et de pouvoir donner, c’est un pouvoir immense. Il s’agit d’une ressource qui permet de surmonter les moments de lassitude, les déceptions, les contrariétés.

    De nombreuses méditations guidées ont pour fil rouge la gratitude et l’ouverture du coeur.

    Chaque repas préparé n’est malheureusement pas toujours une source de béatitude. Ils sont un certain nombre à être réalisés dans un soupir de flemme, d’ennui. Gageons alors que nous puissions trouver quelqu’un d’autre à qui cela fera plaisir de cuisiner pour nous quand la motivation ou l’énergie nous fera défaut.

    cuisine et amour

    Cuisine et amour

    Si j’aime cuisiner seule la plupart du temps, le véritable plaisir est le moment du partage.

    Certes, cuisiner me fait me sentir bien, cela m’apaise et me détend. Mais je suis au comble du bonheur quand je vois les yeux des personnes qui partagent le fruit de mes expériences culinaires s’agrandir de plaisir. Quand je les vois fermer les yeux pour apprécier encore plus chaque bouchée avalée, comme s’ils voulaient tourner toute leur attention vers leur intériorité.

    Cuisiner c’est à la fois se donner de l’amour à soi et aux autres. Le roman « Le restaurant de l’amour retrouvé » de Ito Ogawa, ed. Picquier, décrit parfaitement cette relation d’amour à travers la cuisine. Je ne saurais trop vous en conseiller la lecture, tant il est un régal à chaque page.

    Cet ouvrage est une véritable ode à l’amour, à la cuisine, à l’amour de la cuisine, à l’amour trouvé ou retrouvé grâce au pouvoir subtil de la cuisine.

    Cuisiner c’est méditer

    « Cuisiner c’est méditer », c’est le titre qui a été choisi pour la traduction française du livre écrit par Dana Velden, ed. First, et dont le titre original est « Finding yourself in the kitchen ».

    J’aime bien cette forme concise que permet la langue anglo-saxonne. En français, il eut été maladroit de le traduire par « Se retrouver dans la cuisine. » Un sous-titre a donc été ajouté : « Comment la cuisine peut nourrir notre vie spirituelle ». Formule bien plus longue et qui porte en elle une certaine connotation qui pourrait ne pas parler à tout le monde.

    Ce sous-titre a sans doute été choisi car Dana a séjourné dans un temple zen en Californie et a participé à la confection des repas pour la communauté. Etape de reconstruction dans sa vie, de deuil et de cicatrisation, elle a trouvé là-bas un lieu refuge pour se retrouver elle-même et pouvoir ensuite se relier aux autres.

    Tomber sur ce livre en fouillant dans les rayonnages des livres d’occasion a tout de suite fait écho à ce que je ressentais en mon for intérieur.

    Finalement, s’asseoir sur un zafu ou sur une chaise de cuisine, quelle différence cela fait-il quand on aborde la méditation ?

    Pour moi, aucune. Il s’agit avant tout d’être, de respirer et se sentir en reliance. En cela, cuisiner, c’est méditer.

    Cuisiner c'est méditer, livre de Dana Velden

    Pour résumer :

    • Si méditer c’est être ouvert à ce qui se présente, sans jugement ;
    • Si méditer c’est avoir tous ses sens en éveil, être attentif et conscient ;
    • Si méditer c’est être reconnaissant pour ce qui nous est donné de vivre ;
    • Si méditer c’est reconnaître ce lien d’amour pour nous-même, pour les autres et pour toutes choses ;

    Alors cuisiner, c’est méditer.

    Pour aller plus loin, lire les articles : « Méditer, comment s’y mettre (enfin) ! »

    « Shiatsu et alimentation : quel rapport ? »

    Poser le cerveau et laisser faire les mains

    J’ai une tendance à réfléchir beaucoup et à éprouver des difficultés à mettre mon cerveau en pause.

    C’est la raison pour laquelle je m’efforce de revenir régulièrement à mon corps, que ce soit par le mouvement ou par l’assise méditative.

    Enseigner le Do-In (sorte de yoga japonais, proche du Qi Gong), donner des soins en Shiatsu, pratiquer l’acro-yoga, cuisiner, dessiner : toutes ces activités me donnent le loisir de laisser mes mains faire.

    Si mes pensées ne sont pas tout à fait en mode off, néanmoins, je ressens un apaisement global et l’agitation mentale s’estompe.

    Besoin vous aussi de retrouver un plus grand calme intérieur ? Prenez RDV pour un cours de Do-In ou une séance de Shiatsu !

    Au plaisir de vous accueillir au Mûrier Blanc à Montpellier.

    Stéphanie Hammarstrand, Spécialiste en Shiatsu

    Stéphanie Hammarstrand Shiatsu Montpellier