Quel est le lien entre ces deux items : Shiatsu et alimentation ? Pourquoi, en tant que praticienne en Shiatsu, je passe autant de temps à interroger les personnes qui viennent me voir sur leurs habitudes alimentaires ?
Sur le contexte dans lequel elles prennent leurs repas ? Si elles cuisinent ou si elles achètent du prêt à consommer ? Quelles sont les saveurs vers lesquelles elles jettent leur dévolu ?
Voici dans cet article les réponses à ces questions qui traitent du lien entre le Shiatsu et l’alimentation.
L’alimentation : 1 des 4 piliers d’une bonne santé
En japonais, 4 termes désignent les piliers d’une bonne santé selon les préceptes de la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC) :
- Shu = la respiration
- Shoku = l’alimentation
- Do = le mouvement
- So = les pensées
Pour les deux premiers, cela va assez de soi. Sans air et sans nourriture, pas de vie possible. En MTC, on parle du Ki du Ciel et du Ki de la Terre. L’être vivant se nourrit de l’énergie du Ciel à travers l’air et la respiration, ainsi que de l’énergie de la Terre avec l’ingestion des liquides et des grains (les boissons et les céréales mais plus globalement tous les aliments).
Dans la mesure où nous nous nourrissons plusieurs fois par jour et ce tout au long de notre vie, il paraît donc vital d’y accorder une attention particulière.
En effet, une alimentation déséquilibrée aura forcément un impact si ce n’est à court terme, du moins à long terme. Prise/perte de poids importantes ou en yo-yo, fatigue, raideurs articulaires, crampes, inflammations, reflux, maux de ventre, troubles du transit… La liste des complications serait bien trop longue à énumérer ici d’autant que ces troubles peuvent dépasser la sphère physiologique et impacter également les sphères émotionnelle et mentale.
Par conséquent, recevoir quelqu’un pour lui donner un Shiatsu sans évoquer son rapport à la nourriture, me semble présenter le risque de passer à côté d’un sujet fondamental. C’est pourquoi, avant même de s’allonger sur un futon, la personne que je reçois est questionnée sur ses conditions de vie, ses antécédents et ses habitudes alimentaires.
Les questions que je pose sur l’alimentation
- « Avez-vous de l’appétit en ce moment, et de manière générale ? »
- « Avez-vous la sensation de soif ? »
- « Quelle quantité de liquides buvez-vous par jour ? »
- « Que buvez-vous ? »
- « Combien de repas ou de collations par jour ? »
- « A quelles heures et en quelles quantités ? »
- « Vers quelle saveur êtes-vous plus attiré.e : acide, amer, salé, sucré ?
- « Cuisinez-vous ? A quelle fréquence ? »
- « Prenez-vous du plaisir à manger ? »
- « Avez-vous ou avez-vous eu des problèmes autour de l’alimentation ? Actuellement ou plus jeune ? »
- « Quel est votre poids, est-ce votre poids de forme ? »
- « Avez-vous pris ou perdu du poids de manière significative et en combien de temps ? »
- « Comment est la digestion, le transit ? »
- « Comment sont les urines, les selles ? »
Cela peut paraître un peu inquisitoire, mais le but est simplement de mettre le doigt sur les éventuels déséquilibres. Pour nous, praticien.nes en Shiatsu, il s’agira d’observer les déséquilibres Yin Yang.
Des réponses utiles sur l’alimentation avant de donner un shiatsu
Des informations telles que…
- « J’ai beaucoup de travail, alors je mange rapidement tout en répondant à mes mails ou en lisant les articles qui m’intéressent »
- « J’ai la boule au ventre, mais je me force à manger »
- « Je ne sais pas cuisiner, alors je sors des plats tout préparés et les réchauffe au micro-ondes »
- « A midi, c’est sandwich »
- « Je suis tout le temps en déplacements et mange au restaurant »
- « Le matin, c’est café-clope, car rien d’autre ne passe »
- « Quelle que soit la saison, je mange principalement des crudités à tous les repas »
- « Quand je suis très stressée j’ai terriblement envie de gras et de sucre »
- « Quand j’ai la flemme, je me fais un bol de fromage blanc en guise de repas. Et en ce moment j’ai souvent la flemme »
- « Depuis peu, je ne sais pas pourquoi, j’ai envie de manger des choses acides »
… sont très importantes pour mieux comprendre comment le corps (et l’esprit) réagit. Comment celui-ci s’adapte ou ne parvient pas à s’adapter. Comment, il doit compenser et tenter de réguler par rapport ce qui entre dans l’organisme, ce qui est assimilé, ce qui doit être évacué.
Shiatsu, alimentation et MTC
Certes, il existe des professionnels spécifiquement formés sur les questions des déséquilibres alimentaires et l’avis d’un médecin prévaut.
Néanmoins, il est intéressant pour nous, praticien.nes en Shiatsu d’avoir connaissance du terrain, des habitudes, des préférences de nos jushas (les personnes qui reçoivent le Shiatsu) en matière d’alimentation car nous disposons d’une autre grille de lecture.
En effet, notre grille de lecture diffère de celle d’un.e diététicien.ne ou nutritionniste en ce qu’elle s’appuie sur la Médecine Traditionnelle Chinoise (MTC).
Celle-ci nous permet de compléter notre compréhension de l’état de la personne et d’ajuster le Shiatsu que nous lui donnerons.
A titre personnel, je trouve que Shiatsu et alimentation sont deux thèmes indissociables. Premièrement, grâce au toucher, nous accédons à l’être de manière externe par la peau. Deuxièmement, grâce à la réflexion sur l’alimentation, des changements peuvent s’opérer en interne.
Comme dans le Taoïsme, tout ce qui constitue l’univers, la vie, est envisagé à partir de l’équilibre (ou du déséquilibre) des polarités complémentaires, opposées et indissociables : Yin Yang.
Par conséquent, travailler sur l’aspect externe sera plutôt Yang et sur l’aspect interne plutôt Yin.
L’alimentation selon la MTC
« Le Yin Yang, c’est le Tao de toutes choses entre le Ciel et la Terre, le principe et la loi de toutes choses, le père et la mère de toutes les transformations ».
Tout ce qui pousse sous terre (la Terre étant considérée Yin par rapport au Ciel Yang) comme les légumes racine (carottes) vont être associés au Yin, tandis que les fruits ou les céréales auront une tendance plus Yang puisque s’érigeant vers le ciel.
Les animaux également vont être classés avec une tendance plutôt Yin (comme les poissons) ou plutôt Yang (comme les quadrupèdes). Nous-mêmes pouvons, selon notre caractère et notre morphologie, être envisagés sous ce prisme Yin Yang.
On considère également chaque aliment selon sa nature et selon sa saveur.
La nature d’un aliment :
Par nature, on entend l’effet refroidissant ou réchauffant qu’un aliment une fois absorbé aura sur le corps.
Par exemple, quand il fait particulièrement chaud, on consomme le thé à la menthe car cette dernière est de nature fraîche et abaisse la température du corps.
Quand on est victime d’un coup de froid, on augmentera la température du corps avec une boisson chaude agrémentée d’épices dont la nature va de tiède à chaude.
La saveur d’un aliment
Par saveur, on désigne la qualité de l’aliment, laquelle est associée à un mouvement énergétique et une fonction énergétique organique.
La saveur acide est associée au Bois, au Printemps, au Foie et à la Vésicule Biliaire. Elle est astringente ; elle resserre et retient les liquides.
La saveur amère est associée au Feu, à l’Eté, au Cœur, à l’Intestin Grêle, au Constricteur du Cœur et au Triple Réchauffeur. Elle draine vers le bas, purge, aide à éliminer la chaleur du corps.
La saveur douce est associée à la Terre, à l’Intersaison, à la Rate (Pancréas) et à l’Estomac. Elle nourrit et tonifie l’énergie.
La saveur piquante est associée au Métal, à l’Automne, au Poumon et au Gros Intestin. Elle ramène vers l’extérieur, à la surface de la peau, elle disperse.
Enfin la saveur salée est associée à l’Eau, à l’Hiver, aux Reins et à la Vessie. Elle purge, assouplit et ramollit.
Pour aller plus loin, consultez l’ouvrage « A la découverte de la Diététique Chinoise » de Josette Chapellet, ed. Guy Trédaniel.
Pour résumer :
- En amont d’une séance de Shiatsu, le/la praticienne peut commencer par un entretien.
- Il/elle posera plus ou moins de questions détaillées sur les habitudes alimentaires de son receveur.
- Les réponses permettront de recueillir des indications supplémentaires sur les déséquilibres Yin Yang.
- A l’issue de la séance, des pistes de réflexions pourront être données sur la pleine conscience, des conseils éventuels sur des aliments à privilégier ou à limiter selon les principes de la Diététique Chinoise .
Nous arrivons presque à la fin de cet article. J’espère que celui-ci vous aura permis de mieux comprendre le rapport entre Shiatsu et alimentation.
N’hésitez à me faire part de vos questions concernant le Shiatsu et/ou la Diététique Chinoise en m’écrivant ici.
Qui suis-je ?
Je suis née en 1979 à Göteborg, en Suède. De ce pays scandinave, j’ai gardé une passion immodérée pour les brioches à la cannelle (kanelbullar en suédois) et les pommes de terre au four (hasselbackspotatis).
Je garde le souvenir un peu nostalgique des cueillettes de myrtilles et de groseilles à maquereaux. Est aussi collée à mes rétines l’image de mes frères et moi, allongés sur un ponton, une tête de morue accrochée au bout d’une ficelle pour attraper des crabes.
Ayant toujours vu ma famille cuisiner, qu’il s’agisse du quotidien ou des repas de fêtes, j’ai, dès mon plus jeune âge, aimé passer du temps dans la cuisine.
Après avoir été certifiée en tant que Spécialiste en Shiatsu, j’ai décidé de me former en Diététique Chinoise car je trouvais nécessaire de pouvoir accompagner les personnes que je reçois et qui sont en demande de faire bouger les lignes dans leurs habitudes de consommation.
Les aider à mieux vivre leur alimentation, sans contrainte drastique et en gardant le plaisir au cœur des repas, est un projet qui me passionne. En effet, les scandales alimentaires sont chaque jour plus nombreux, les modes et les tendances aussi. C’est à s’y arracher les cheveux quand on veut pourtant bien faire.
Je vous accueille au Mûrier Blanc à Montpellier pour des séances de Shiatsu et vous propose également en complément un accompagnement en Diététique Chinoise au cabinet ou en visio.