Toute une littérature a fleuri ces dernières années, dans les librairies ou sur les blogs, sur une alimentation moins sucrée. Alimentation cétogène, low carb (à faible teneur en glucides) sont des termes dont on entend de plus en plus parler. Quel est le regard de la diététique chinoise sur le sucre ? Quelle est la différence entre la saveur douce et le sucré ? Quels bénéfices pouvons-nous tirer des aliments dits de saveur douce ? Quelle place devraient-ils occuper dans notre assiette ?
Telles sont les questions auquel cet article tentera de répondre avec le regard de la Médecine Traditionnelle Chinoise.
Un constat
« Bien manger » et « bien boire » ont été érigés en France comme un art de vivre. Preuve en est : l’UNESCO a inscrit en 2010 le repas gastronomique des Français au patrimoine culturel immatériel de l’humanité. Sommes-nous pour autant épargnés par les problèmes d’alimentation et de santé ? Malheureusement non, loin s’en faut…
Nous mangeons bien trop souvent trop gras, trop sucré et trop salé. Malgré les campagnes d’information et de sensibilisation, le contenu de nos assiettes craint. Surpoids, obésité, diabète et toute une pléthore de maux sont en lien direct avec ce que nous absorbons.
Cet article n’a pas pour objet de dénoncer, fustiger ou encore culpabiliser quiconque. Au contraire, il a pour ambition d’aider, grâce au regard de la diététique chinoise, à considérer notre alimentation dans ce qu’elle a de meilleur à nous apporter.
Le thème central en est la saveur douce. Pourquoi ? Parce qu’il y a confusion entre le sucre qui peut constituer un vrai poison pour le corps et le doux qui constitue une base alimentaire à ne pas négliger.
Le concept de saveur en Médecine Chinoise
Chaque saveur devrait être présente, mais sans excès, dans notre alimentation afin de nourrir chaque organe :
- L’acide nourrit le Foie
- L’amer nourrit le Cœur
- Le piquant nourrit le Poumon
- Le salé nourrit les Reins
- Le doux nourrit la Rate
La saveur est à distinguer du goût. En effet, tout comme la nature d’un aliment (froid, frais, neutre, tiède, chaud), c’est son action qui va déterminer son appartenance à une saveur particulière.
L’acide resserre et retient, le salé assouplit, tandis que l’amer fait descendre et le piquant disperse.
Quant au doux, il détend et tonifie.
Le sucré versus le doux
La saveur douce est donc celle qui nourrit et tonifie l’énergie. Elle participe du bon fonctionnement de la Rate (ainsi que du Pancréas) et de l’Estomac dont la principale charge est celle de la digestion et de l’assimilation.
Une des raisons qui nous pousse toujours un peu plus vers les aliments au goût sucré est son effet sur le relâchement des tensions. Manger une pâtisserie, un dessert ou des confiseries nous détend lorsque nous nous sentons stressé.es.
Or, la saveur douce est à distinguer du sucré lequel peut véritablement agir comme un poison et léser la Rate et le bon fonctionnement de l’organisme de manière générale. En effet, « caché » un peu partout dans notre alimentation, tout ce sucre ajouté par l’industrie agro-alimentaire participe à créer une aliénation totalement addictive d’une part et entraîner d’autre part non seulement des problèmes de surpoids et de glycémie mais également des troubles ORL, articulaires, et bien d’autres déséquilibres…
Soyons donc vigilant.es à ce que mettons dans nos assiettes ! Cuisiner nous-mêmes nous permet de limiter l’ajout de sucres, tandis que les plats tout préparés en regorgent pour masquer les acidifiants des agents de conservation. Même une « bonne » brique de soupe aux légumes bio peut contenir des sucres ajoutés !
Mais revenons-en à cette saveur douce : quels aliments sont classés comme ayant cette propriété ?
Quels sont les aliments de saveur douce ?
Beaucoup en réalité !
- Toutes les céréales : avoine, blé, larmes-de-Job, maïs, millet, orge, riz, sarrasin, seigle…
- Les féculents
- Toutes les légumineuses : azuki, fève, haricot (blanc, rouge, noir, mungo), lentilles, pois cassé, pois chiche, pousse de soja…
- Pratiquement tous les légumes exceptés le poireau, le fenouil, le cèpe, le pourpier et la chicorée
- Tous les fruits
- Les oléagineux et graines : cacahuète, graines (tournesol, courge, lotus), noix, pignon, pistache, sésame…
Certains aliments concentrent plusieurs saveurs, comme la plupart des fruits qui ont à la fois une saveur douce et acide. Cette combinaison permet de générer des liquides dans le corps et de réhydrater celui-ci.
Certaines céréales comme l’avoine, le millet et l’orge ont à la fois comme propriétés d’être de saveur douce et salée. Leur champs d’action va donc être plus large que celui de nourrir, renforcer et harmoniser la fonction de la Rate. D’autres fonctions tels que celle des Reins bénéficiera alors de leurs vertus.
Les céréales : des alliées et non des ennemies
Base de l’alimentation, les céréales devraient représenter un tiers du contenu de l’assiette « idéale » selon les principes de la diététique chinoise. Bien cuites, elles seront d’autant mieux digérées.
Lesquelles choisir : complètes, semi-complètes ou raffinées ? Tout dépendra de votre capacité digestive. En effet, les céréales complètes étant plus fibreuses, celles-ci seront plus difficiles à digérer mais plus riches en nutriments.
La problématique autour du gluten peut conduire à la nécessité de réduire, voire éliminer totalement, l’usage des farines de blé dans son alimentation. De plus en plus d’ouvrages et de blogs proposent à l’heure actuelle des recettes sans gluten. Qu’on y soit intolérant ou pas, c’est l’occasion d’élargir ses perspectives culinaires !
Pour les personnes qui ne présentent pas de problèmes particuliers d’assimilation du gluten, il est à noter que le blé a des propriétés très intéressantes selon la diététique chinoise.
En effet, le blé aurait pour action thérapeutique d’apaiser le Shen (l’Esprit et le Cœur, qui ne sont qu’un). Il calmerait l’agitation émotionnelle, équilibrerait les humeurs et régulerait les palpitations, entres autres choses. Consommer une assiette de pâtes lors du repas du soir favoriserait le sommeil.
Vous l’aurez compris, les céréales cuites sont à différencier des céréales proposées par les fabricants pour le petit-déjeuner. A ces dernières qui regorgent souvent de matières grasses et de sucres ajoutés, on préfèrera des porridges d’avoine, ou gruaux (bouillies) de riz, de blé ou d’orge. On pourra associer ces bases à des légumes, des fruits ou des oléagineux, dans des versions salées ou légèrement sucrées.
Le sucré : comment limiter sa consommation ?
- Lisez attentivement les étiquettes des produits ; cela vous permettra de débusquer la présence de sucres ajoutés et de choisir en connaissance de cause.
- Limitez votre consommation de produits transformés (plats tout préparés, mais aussi toute l’industrie autour du petit-déjeuner et du goûter).
- Cuisinez autant que possible, variez les plaisirs, explorez !
- Réservez la consommation de desserts aux « jours de fête » et non comme la clôture systématique de chaque repas.
- Avant de porter quelque chose à la bouche, considérez ce geste en pleine conscience et non en mode automatique de remplissage.
- Mastiquez, longuement. Savourez. Respirez. Appréciez.
- En cas d’envie compulsive, consommez 1 goutte d’HE de pamplemousse (demandez conseil à votre pharmacien sur ses contre-indications).
Pour résumer :
- La saveur douce est une alliée de poids pour une bonne santé selon la Médecine Traditionnelle Chinoise. On la retrouve dans de nombreux aliments, notamment les céréales.
- En revanche, le sucre présent dans les produits (ultra)transformés est un poison dont il faut se méfier ; il a un pouvoir addictif et nocif très puissant.
- La notion de plaisir doit rester présente dans notre rapport à l’alimentation. Se nourrir dans un contexte de conflit intérieur engendre du mal-être. Créer de la frustration entraîne des comportements compulsifs et compensatoires et nous plonge dans la culpabilité.
Pour aller plus loin, lire les articles :
« Shiatsu et alimentation quel rapport ? »
Et l’ouvrage « A la découverte de la Diététique Chinoise » de Josette Chapellet, ed. Guy Trédaniel.
Gourmande je suis…
En Suède, le pays où je suis née, il est de tradition de donner aux enfants un petit bol rempli de bonbons le samedi. On appelle ça « lördagsgodis ». Là-bas, on trouve à tous les coins de rue des commerces de bonbons en vente en libre-service. Des rayonnages entiers de sucreries aux couleurs acidulées et aux parfums divers. Mon péché mignon a toujours été la réglisse, le choix y étant beaucoup plus vaste qu’en France.
Devenue adulte et mère de trois enfants, j’ai, au fil des années, diminué drastiquement l’achat de bonbons et de confiseries chocolatées. En effet, je ressens l’effet addictif et totalement compulsif de cet appel au sucre qui ne s’apaise jamais. A l’occasion d’Halloween, nous avons acheté quelques sachets de ces petits poisons pour faire plaisir à nos propres enfants et à ceux qui passeraient frapper à la porte. Malheureusement, aucun bambin déguisé n’est venu. Je me suis vue, une fois ma journée de travail terminée, faire un nombre incalculable d’allées et venues jusqu’au bol de bonbons. Jusqu’à en avoir mal aux dents et la langue qui pique…
Par conséquent, ma seule contre-attaque possible est de ne pas avoir de tentation chez moi.
… et je compte bien ne pas me priver !
Si je fais en sorte de tenir hors de ma vue les bonbons et autres douceurs, en revanche je cuisine et pâtisse beaucoup. J’adore avoir les mains dans la farine ! Voir mes mains s’animer ainsi apaise mon mental et me fait saliver d’avance. Depuis toute petite j’aimais confectionner des petits sablés, des tartelettes. J’ai encore en mémoire un de ces kits en plastique pour enfants qui comprenait un rouleau à pâtisserie, un tapis, un bol mélangeur avec son couvercle, un pichet gradué et une sorte de maryse, tout en version miniature.
Ainsi je conjugue le plaisir manuel de la confection, celui du goût et enfin celui du partage. La différence ? Cuisiner prend du temps, il n’y a donc pas tous les jours des gourmandises à portée de main. Par ailleurs, je peux doser la quantité de sucre et jouer avec les épices mais aussi les écorces, les zestes et tout ce qui peut égayer le palais. Enfin, voir ma famille et mes ami.es se régaler me nourrit (presque) autant que de croquer moi-même dans une brioche tout droit sortie du four.
Envie de faire le point sur votre rapport à la nourriture, sur votre relation au sucré ? Prenons rendez-vous ensemble pour un bilan en Diététique Chinoise !
Stéphanie Hammarstrand, Spécialiste en Shiatsu certifiée.